A des centaines de kilomètres de là, Eralwynn est loin de se douter de ce qui se prépare.
Hier, elle a décidé qu'il était temps pour elle de quitter cette forêt qui l'avait vue naître et dont elle ne s'était jamais éloignée depuis.
Elle ne savait plus au juste pour quelle raison elle devait partir. Depuis plusieurs jours, elle sentait que quelque chose l'y poussait. Elle devait s'en aller. Elle attendrait encore jusqu'au lendemain matin, puis elle s'en irait. Tant pis pour le message, elle s'en passerait.
Elle resta là encore quelques instants et finit par aller se coucher.
Le lendemain, à son réveil, elle s'aperçut qu'Aanor avait déjà préparé ses affaires.
Ah, cette chère Aanor, elle était probablement celle qui allait le plus lui manquer. Depuis leur plus tendre enfance, elles ne s'étaient jamais quittées. Pourtant, cette fois, ça allait arriver.
Elle prit les deux petites basaces et sortit chercher son amie pour lui dire au revoir. Quand elle la trouva, celle-ci était en train de lui préparer de quoi manger sur la route. Elle mit la nourriture dans une troisième besace qu'elle tendit à Eralwynn. Elle se regardèrent droit dans les yeux, et, d'un coup, fondirent en lrame dans les bras l'une de l'autre. Elle n'était pas de la même Caste mais depuis toujours, elles s'étaient entendues comme deux soeurs, et tout le monde, après quelques réticences, avait fini par l'accepter.
Elles finirent par sécher leurs yeux rougis et éclatèrent de rire en se ragrdant à nouveau. Ce rire leur fit un bien fou, mais elles savaient qu'il cachait quelque chose d'autrement plus grave et sérieux. Galipine n'était toujours pas arrviée, et il était grand temps qu'Eralwynn parte.
Finalement, après avoir dit aurevoir encore une fois, elle prit la route.
Elle marcha alors durant trois jours et trois nuits à travers la forêt avant de commencer à en percevoir la fin. Une fois sortie, il resterait encore une journée complète pour arriver au village de Levadan.
Le soir du quatrième jour, elle commença à voir quelques maisons sur le bord de la route et celles-ci devenaient de plus en plus rapprochées. Elle arriva enfin devant l'auberge dans laquelle elle devrait rester quelques temps.
La main sur la poignée, elle hésita. Cela marquait le début d'elle ne savait trop quoi. Il lui serait impossible de revenir en arrière. Elle finit cependant par pousser la porte pour pénétrer dans un espace bruyant et enfumé. Les gens mangeaient, buvaient, fumaient et parlaient tous plus fort les uns que les autres. De la cuisine lui parvenait une odeur de sauce au vin blanc. Elle se dirigea vers le comptoir, demanda la clef d'un chambre et sortit presque aussitôt.
Elle gravit les escaliers, arriva au troisième étageet alla jusqu'au bout du couloir où se trouvait sa chambre. Elle entra.
Il s'agissait d'une pièce minuscule, meublée modestement. Cela ne la gênait pas, elle n'était ici que pour quelques jours de toute façon.
Elle se coucha sur le lit qui, finalement, était plus confortable qu'il n'y paraissait. De là où elle se trouvait, elle pouvait englober toute la pièce en un seul regard. Elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre.
Sans s'en rendre compte, elle s'endormit. Quand elle se réveilla, la nuit était déjà bien avancée. Elle ne savait pas d'ailleurs ce qui l'avait tirée de son sommeil, quand elle entendit des pas précipités dans l'escalier. Dehors, les gens semblaient agités. Elle se leva pour regarder par la fenêtre. Il y avait dans le jardin plusieurs bataillons de guerrières.
En soi, ça n'avait rien d'étrange. Depuis la mort du Grand Prêtre, on en voyait postées dans tous les villages. Ce qui était plus inquiétant, c'était de les voir en si grand nombre. Surtout ici, dans ce petit hameau sans importance politique.
Eralwynn, trop épuisée pour y réfléchir, se rendormit.
(à suivre...)